Toi la Femme aimée


Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,

Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
De rose et de santal. 
Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes 
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids. 
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts 
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes. 
De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour 
L’agonie et l’amour. 
Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes 
La douceur et l’effroi de ton premier baiser. 
Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser 
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes 
Parmi des flots de sons languissamment décrus, 
Blonde, tu m’apparus. 
Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible, 
D’infini, je voulus moduler largement 
Un hymne de magie et d’émerveillement. 
Mais la strophe monta bégayante et pénible, 
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté, 
Vers ta Divinité.

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